Santé urologique masculine au Maroc : un focus sur les maladies et la prévention

Novembre : mois de la santé masculine en uro-urologie

Chaque année, le mois de novembre devient un moment clé pour parler ouvertement de la santé masculine. Sous l’impulsion du mouvement international Movember, les moustaches fleurissent un peu partout pour rappeler un message : les hommes doivent prendre soin d’eux, consulter, se faire dépister et briser le silence autour des maladies urologiques. Au Maroc, où la prévention reste encore trop souvent négligée, ce mois de sensibilisation prend tout son sens. Les pathologies urologiques — cancer de la prostate, cancer de la vessie, hyperplasie bénigne de la prostate ou encore troubles urinaires et sexuels touchent des milliers d’hommes chaque année, parfois sans qu’ils n’osent en parler. Or, ces maladies peuvent être détectées tôt, traitées efficacement et même évitées grâce à des gestes simples : un mode de vie sain, un dépistage régulier et une meilleure connaissance des signes d’alerte. À travers cet article, l’Association Marocaine d’Urologie (AMU) souhaite informer, rassurer et mobiliser. Car prendre soin de sa santé urologique, ce n’est pas une question d’âge c’est une question de qualité de vie, de dignité et d’avenir. En novembre et toute l’année, parler de sa santé masculine, c’est un acte de courage et de prévention.

1. Les maladies urologiques masculines majeures au Maroc

1.1 Le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate (PCa) est un enjeu de santé publique important au Maroc.

Une étude récente rapporte qu’il représente 16,1 % de tous les cancers diagnostics chez l’homme au Maroc.

D’autres sources indiquent qu’environ 4 935 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.

Les registres de Casablanca et Rabat rapportent aussi une augmentation de l’incidence au fil des années.

Facteurs de risque : âge avancé, antécédent familial, obésité, sédentarité, alimentation riche en graisses.
Challenge : le diagnostic à un stade avancé réduit les chances de traitement optimal.

1.2 Le cancer de la vessie et autres tumeurs uro-théliales

Le cancer de la vessie (BC) est également préoccupant. Dans les registres régionaux marocains, l’incidence pour les hommes a atteint 5,8 à 11,3 pour 100 000 habitants selon les zones (Casablanca / Rabat). Ce cancer est lié à des facteurs tels que le tabagisme, l’exposition professionnelle à des substances carcinogènes et, parfois, des infections urinaires chroniques.
Importance : le signe d’hématurie (sang dans les urines) doit toujours alerter.

1.3 Troubles urinaires et fonctionnels masculins

Au-delà des cancers, les troubles urinaires (jet faible, nycturie, urgenturie, incontinence) et les dysfonctions sexuelles sont fréquents et impactent la qualité de vie. Par exemple, une étude sur des patients marocains diabétiques a mis en évidence une forte prévalence de dysfonction érectile. (référence mentionnée dans la version précédente)
Ces symptômes ne doivent pas être ignorés car ils peuvent signaler une pathologie urologique sous-jacente.

2. Prévention : principes et bonnes pratiques

2.1 Dépistage et suivi

  • Pour le cancer de la prostate : il est recommandé de discuter avec un urologue de la pertinence d’un dosage PSA et d’un toucher rectal, notamment à partir de 50 ans ou avant en cas de facteurs de risque.

  • Tout symptôme urinaire persistant (jet faible, fréquence élevée, hématurie) doit conduire à consulter un urologue.

2.2 Hygiène de vie

  • Activité physique : au minimum 150 minutes d’exercice modéré par semaine.

  • Alimentation : privilégier fruits, légumes, céréales complètes ; limiter les graisses animales.

  • Maintien d’un poids sain : l’obésité est associée à un risque accru de pathologies urologiques.

  • Tabac & alcool : le tabagisme est un facteur de risque connu pour le cancer de la vessie.

  • Hydratation suffisante et réduction de la sédentarité.

2.3 Sensibilisation et élimination des tabous

Au Maroc, les hommes peuvent hésiter à consulter pour des troubles urinaires ou sexuels par pudeur ou méconnaissance. Il est essentiel de briser ce silence, d’informer et d’encourager la consultation précoce.

3. Enjeux pratiques et défis pour le Maroc

  • Les données épidémiologiques nationales restent encore partielles ; les registres sont incomplets.

  • L’accès aux soins spécialisés reste inégal, notamment dans les zones rurales.

  • Le dépistage reste faible du fait d’une faible sensibilisation et d’un manque de ressources.

  • Le mode de vie (sédentarité, alimentation peu saine) reste un obstacle important.

4. Recommandations pour les acteurs de santé

  • Développer un registre national structuré de la santé urologique masculine.

  • Concevoir des campagnes de sensibilisation ciblées en novembre et tout au long de l’année.

  • Proposer des consultations de dépistage abordables et accessibles.

  • Former les professionnels de santé aux questions de prévention urologique masculine.

  • Mettre en place des partenariats avec les entreprises, les mutuelles et la société civile pour toucher les hommes en milieu professionnel.

Conclusion

La santé urologique masculine ne doit plus être un sujet tabou. Au Maroc, chaque homme mérite d’être informé, soutenu et accompagné. Le mois de novembre est un excellent repère de mobilisation, mais les actions doivent s’inscrire dans la durée. Adopter un mode de vie sain, consulter en cas de symptômes, et participer à des efforts de dépistage ne sont pas des options — ce sont des impératifs. Ensemble, on peut améliorer la qualité de vie, la dignité et l’avenir de milliers d’hommes.

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