Le CyberKnife en Onco-Urologie : Guide sur le Traitement des Métastases par Radiothérapie Stéréotaxique
Une Révolution dans le Traitement des Cancers Urologiques Métastatiques
L'onco-urologie, qui traite les cancers des appareils urinaire et génital masculin, est confrontée à un défi majeur : la gestion de la maladie métastatique. Lorsqu'un cancer de la prostate, du rein ou de la vessie se propage au-delà de son site d'origine pour former des métastases dans d'autres parties du corps, comme les os, les poumons ou les ganglions lymphatiques, le pronostic et la stratégie thérapeutique changent radicalement. Traditionnellement, la présence de métastases signifiait le passage à des traitements systémiques (hormonothérapie, chimiothérapie, immunothérapie) dont l'objectif principal était de contrôler la maladie à l'échelle du corps entier, souvent au prix d'effets secondaires significatifs. Cependant, une compréhension plus fine de la biologie du cancer a fait émerger un concept crucial : l'état "oligométastatique". Ce terme décrit une phase intermédiaire de la maladie où le patient ne présente qu'un nombre limité de métastases, généralement défini comme étant de un à cinq foyers. Cette découverte a ouvert une fenêtre d'opportunité thérapeutique. Plutôt que de se limiter à un traitement systémique palliatif, il est devenu envisageable d'utiliser des traitements locaux ablatifs, c'est-à-dire visant à détruire complètement ces quelques métastases, dans l'espoir de retarder la progression de la maladie, de prolonger la survie et d'améliorer la qualité de vie.
L'Avènement du CyberKnife : Une Nouvelle Ère de Prision
C'est dans ce contexte qu'intervient la technologie CyberKnife. Loin d'être un simple appareil de radiothérapie, le CyberKnife représente un changement de paradigme. Il s'agit d'un système de radiothérapie stéréotaxique corporelle (SBRT) entièrement robotisé, conçu pour administrer des doses de radiation extrêmement élevées avec une précision sub-millimétrique. Cette approche offre une alternative non invasive et très efficace à la chirurgie pour des tumeurs et métastases auparavant considérées comme difficiles, voire impossibles à traiter en raison de leur localisation ou de la fragilité du patient. Pour les patients atteints de cancers récidivants ou inopérables, le CyberKnife apporte de nouveaux espoirs là où les options traditionnelles atteignent leurs limites.
Cet article a pour objectif de fournir un guide de référence complet, fiable et à jour sur l'utilisation de la technologie CyberKnife dans le traitement des métastases en onco-urologie. En s'appuyant sur les données scientifiques les plus récentes, il vise à éclairer les patients et leurs proches, en leur donnant les clés pour comprendre cette option thérapeutique innovante et participer activement aux décisions concernant leur parcours de soins.
Partie 1 : Comprendre la Technologie CyberKnife
Pour apprécier la portée de l'innovation qu'est le CyberKnife, il est essentiel de comprendre les principes technologiques qui le sous-tendent. Cette section démystifie le fonctionnement du système, de la théorie de la SBRT à l'expérience concrète du patient.
1.1. Les Principes Fondamentaux : Radiothérapie Stéréotaxique Corporelle (SBRT)
La SBRT est une technique de radiothérapie externe avancée qui a radicalement modifié les schémas de traitement en oncologie.
Concept de l'Hypofractionnement
Le principe de la SBRT repose sur l'hypofractionnement. Au lieu de délivrer de faibles doses de radiation quotidiennes sur une longue période (typiquement 30 à 40 séances sur 8 à 10 semaines pour la radiothérapie conventionnelle), la SBRT administre des doses de radiation très élevées, dites "ablatives", capables de détruire la tumeur, en un nombre très réduit de séances, généralement entre 1 et 5. Ce schéma de traitement intensif et court est rendu possible par une précision extrême, qui est la pierre angulaire de la technologie.
L'Objectif : Maximiser la Dose à la Tumeur, Minimiser l'Impact sur les Tissus Sains
Toute l'histoire de la radiothérapie est une quête pour optimiser la distribution de la dose : concentrer une énergie maximale sur la cible tumorale tout en épargnant au maximum les organes et tissus sains environnants. La SBRT représente l'aboutissement de cette quête. En focalisant les faisceaux de radiation avec une précision sub-millimétrique, elle permet de créer une "marge" de sécurité très étroite autour de la tumeur. Cette capacité à limiter drastiquement l'irradiation des tissus sains est ce qui permet, en toute sécurité, de délivrer des doses ablatives si élevées. La précision n'est donc pas un simple avantage technique ; elle est la condition
sine qua non qui rend possible le paradigme de l'hypofractionnement, avec ses bénéfices en termes d'efficacité et de réduction des effets secondaires.
1.2. Le Système CyberKnife : L'Alliance de la Robotique et de l'Imagerie en Temps Réel
Le système CyberKnife se distingue des autres appareils de SBRT par une architecture unique qui combine robotique avancée et guidage par imagerie en temps réel. Les dernières versions, comme le CyberKnife S7, intègrent une intelligence artificielle pour un suivi encore plus performant.
Un Robot de Haute Précision
Le système est composé de trois éléments clés qui fonctionnent en parfaite synergie :
Un accélérateur linéaire (LINAC) compact et puissant : C'est lui qui génère les faisceaux de rayons X à haute énergie. Il est monté sur un bras robotique multi-articulé, extrêmement mobile, qui peut se déplacer librement autour du patient pour atteindre la tumeur sous des milliers d'angles différents.
Un système d'imagerie à rayons X intégré : Deux sources de rayons X positionnées au sol ou au plafond prennent des images en continu pendant la séance. Ces images permettent de localiser la tumeur et de suivre sa position en temps réel.
Un logiciel de contrôle intelligent : Ce logiciel est le cerveau du système. Il compare en permanence les images en temps réel avec les données de planification du traitement. Si un mouvement est détecté, il commande instantanément au bras robotique d'ajuster sa position pour que le faisceau reste parfaitement aligné sur la cible, avec une précision sub-millimétrique.
La Synchronisation du Mouvement (Synchrony®) : La Clé du Traitement Sans Cadre
La caractéristique la plus distinctive du CyberKnife est sa capacité à suivre et compenser en temps réel tous les types de mouvements, qu'ils soient liés à la respiration du patient, à une toux, ou à de légers déplacements involontaires. Cette technologie, nommée Synchrony®, change fondamentalement l'expérience du traitement. Contrairement à d'autres techniques qui nécessitent des cadres stéréotaxiques invasifs (vissés au crâne pour les traitements cérébraux) ou des systèmes de contention rigides et inconfortables pour immobiliser le patient, le CyberKnife s'adapte à lui. Le patient n'a plus à s'immobiliser de manière contraignante pour la machine ; c'est la machine qui s'ajuste dynamiquement à ses mouvements naturels. Cette philosophie "patient-centrée" se traduit par un confort accru, une réduction de l'anxiété et une précision maintenue pour des traitements sur l'ensemble du corps, sans compromis.
1.3. Le Parcours du Patient : Les Étapes Clés d'un Traitement CyberKnife
Le parcours de traitement avec le CyberKnife est un processus structuré, non invasif et centré sur le patient.
Étape 1 : Consultation et Décision Multidisciplinaire
Tout commence par une consultation avec un radio-oncologue. Ce médecin spécialiste examine le dossier complet du patient (résultats de biopsie, score de Gleason pour la prostate, imagerie CT/IRM/TEP) pour déterminer si le CyberKnife est l'option la plus appropriée. Cette décision est toujours prise au sein d'une équipe pluridisciplinaire.
Étape 2 : Préparation et Planification
Une fois l'indication posée, la phase de préparation commence.
Imagerie de planification : Des scanners (CT, parfois couplés à une IRM ou un TEP-scan) sont réalisés pour obtenir une cartographie 3D précise de la tumeur et des organes sains à protéger.
Mise en place de marqueurs fiduciaires : Pour certaines localisations sujettes aux mouvements internes, comme la prostate ou le pancréas, de minuscules marqueurs en or (appelés "fiduciaires"), de la taille d'un grain de riz, sont implantés lors d'une simple procédure ambulatoire. Ces marqueurs inertes servent de balises, de points de repère que le système d'imagerie du CyberKnife peut suivre avec une précision extrême.
Dosimétrie : Une équipe de physiciens médicaux et de dosimétristes utilise ensuite ces images pour créer un plan de traitement virtuel entièrement personnalisé. Ils simulent des milliers de trajectoires de faisceaux pour calculer la combinaison optimale qui délivrera la dose prescrite à la tumeur tout en minimisant l'exposition des tissus sains.
Étape 3 : Déroulement des Séances
Les séances de traitement sont conçues pour être aussi simples et confortables que possible.
Le patient s'allonge sur une table de traitement robotisée. Aucune anesthésie n'est nécessaire, car la procédure est totalement indolore et non invasive.
Une séance dure généralement entre 15 et 90 minutes, en fonction de la complexité et de la localisation de la tumeur. Les dernières optimisations logicielles (VOLO™) permettent de réduire la durée des séances les plus complexes à seulement 15 minutes. Pendant ce temps, le patient peut respirer normalement et reste en communication constante avec l'équipe soignante via un interphone et une caméra.
Le bras robotique du CyberKnife se déplace silencieusement et de manière fluide autour du patient pour délivrer les faisceaux de radiation sous les multiples angles définis dans le plan de traitement.
Étape 4 : Post-Traitement et Suivi
L'un des avantages majeurs du CyberKnife est la récupération rapide.
Immédiatement après chaque séance, le patient peut quitter le centre et reprendre ses activités quotidiennes normales. Il n'y a pas de période de convalescence.
Il est important de noter que le corps du patient n'est pas radioactif après le traitement. La radiothérapie externe ne laisse aucune radioactivité résiduelle.
Les effets secondaires, s'il y en a, sont généralement minimes et gérables. Un calendrier de suivi par imagerie est établi pour surveiller la réponse de la tumeur au traitement au fil des mois.
Partie 2 : Application dans les Métastases du Cancer de la Prostate
L'application du CyberKnife dans le traitement du cancer de la prostate, notamment au stade oligométastatique, est l'une des plus matures et des mieux documentées en onco-urologie.
2.1. Le Concept Oligométastatique : Une Fenêtre d'Opportunité
Définition et Sélection des Patients
L'état oligométastatique du cancer de la prostate, défini par la présence de 3 à 5 métastases au maximum, représente une phase de la maladie où une intervention locale agressive peut changer le cours de l'évolution. L'objectif de la Thérapie Dirigée sur les Métastases (Metastasis-Directed Therapy - MDT) par SBRT est d'éradiquer ces quelques foyers de maladie visibles. Cette stratégie vise à retarder significativement la progression vers un état polymétastatique et, par conséquent, à repousser le recours à des traitements systémiques comme l'hormonothérapie (ADT). En agissant de manière ciblée, on cherche à gérer la maladie sur le long terme, la transformant en une condition chronique contrôlable. Cette approche permet de préserver la qualité de vie des patients en leur offrant de longues périodes sans les effets secondaires parfois lourds des traitements systémiques.
L'Importance de l'Imagerie de Pointe
La sélection des bons candidats pour la MDT repose de manière cruciale sur une imagerie de haute précision. Le TEP-scanner au PSMA a révolutionné la détection des métastases du cancer de la prostate. Cet examen est capable d'identifier des foyers métastatiques de très petite taille, bien avant qu'ils ne soient visibles sur les scanners conventionnels. Une cartographie précise de toutes les lésions est indispensable pour s'assurer que toutes les cibles sont traitées, condition essentielle au succès de la stratégie oligométastatique.
2.2. Efficacité Clinique et Survie : Des Données Probantes Solides
Plusieurs études cliniques de haut niveau ont validé l'efficacité de la SBRT dans ce contexte.
Contrôle de la Maladie à Long Terme
Les données issues d'essais randomisés et de méta-analyses récentes sont convergentes. Une méta-analyse publiée en décembre 2024, regroupant les résultats de plusieurs essais contrôlés randomisés, a confirmé que la SBRT pour le cancer de la prostate oligométastatique améliore de manière statistiquement significative la survie sans progression (PFS). L'essai de phase II ORIOLE, par exemple, a montré que seuls 19% des patients traités par SBRT avaient connu une progression de leur maladie après 6 mois, contre 61% dans le groupe sous surveillance.
Retarder les Thérapies Systémiques
L'un des bénéfices les plus tangibles pour les patients est le report de l'hormonothérapie. L'essai randomisé STOMP a montré une augmentation significative de la durée médiane avant le début de l'ADT, passant de 13 mois dans le groupe surveillance à 21 mois dans le groupe SBRT. Ce gain de 8 mois sans traitement hormonal est précieux pour préserver la qualité de vie.
Taux de Contrôle Local Élevés
Au niveau des lésions traitées, l'efficacité de la SBRT est remarquable. De nombreuses études rapportent des taux de contrôle local supérieurs à 90%. Cela confirme la nature ablative du traitement, qui détruit efficacement les cellules cancéreuses ciblées.
2.3. Préserver la Qualité de Vie : L'Avantage Décisif du CyberKnife
Au-delà de l'efficacité, la SBRT avec le système CyberKnife se distingue par son excellent profil de tolérance, un facteur crucial pour la qualité de vie.
L'Étude PACE-B : Une Preuve de Faible Toxicité
L'étude internationale de phase III PACE-B a fourni des preuves de très haut niveau sur ce point. Elle a comparé directement la SBRT délivrée par le système CyberKnife à celle administrée par des accélérateurs linéaires conventionnels. Les résultats ont montré une supériorité nette du CyberKnife : les patients de la cohorte CyberKnife ont présenté une toxicité génito-urinaire (irritation de la vessie, fréquence urinaire) de grade 2 ou plus qui était environ 50% plus faible que dans le groupe traité par un appareil conventionnel. Une réduction significative de la toxicité gastro-intestinale (rectale) a également été observée.
Cette différence est la conséquence directe de la supériorité technologique du CyberKnife. La prostate est un organe mobile. Le système Synchrony® du CyberKnife, en suivant la prostate en continu et en ajustant le tir en permanence, permet de réduire les marges de sécurité au strict minimum, épargnant ainsi les tissus sains voisins.
Préservation des Fonctions Clés
Cette précision sub-millimétrique se traduit par une meilleure préservation des fonctions essentielles. En minimisant la dose délivrée au rectum, à la vessie et aux nerfs responsables de l'érection, le CyberKnife réduit significativement le risque d'effets secondaires à long terme sur les fonctions intestinale, urinaire et sexuelle. Les patients rapportent un retour plus rapide à une fonction normale après le traitement.
2.4. Perspectives d'Avenir et Essais Cliniques de Septembre 2025
La recherche continue d'évoluer à un rythme rapide, comme en témoignent les présentations des grands congrès de septembre 2025.
Essais Cliniques Majeurs (ASTRO 2025)
Le congrès annuel de l'ASTRO (American Society for Radiation Oncology) est une plateforme clé pour les nouvelles données :
NRG-GU005 : Cet essai de phase III compare directement la SBRT à la radiothérapie IMRT hypofractionnée conventionnelle. Ses résultats, présentés en septembre 2025, sont très attendus pour définir les futurs standards de traitement du cancer de la prostate à risque intermédiaire.
LUNAR : Cette étude de phase II évalue l'intérêt d'un traitement de radiothérapie moléculaire (Lutétium 177-PSMA) avant une SBRT ablative pour les patients en récidive oligométastatique.
BALANCE (NRG GU006) : Cet essai évalue l'association d'une hormonothérapie de nouvelle génération (apalutamide) avec la radiothérapie pour les cancers de la prostate en récidive.
Ces études sont cruciales pour affiner les stratégies thérapeutiques et personnaliser davantage la prise en charge des patients.
Partie 3 : Application dans les Métastases du Cancer du Rein (RCC)
Le cancer du rein (RCC) a longtemps été un défi pour la radiothérapie. Cependant, l'avènement de la SBRT, et en particulier du CyberKnife, a complètement changé la donne.
3.1. Vaincre la Radiorésistance : La Puissance des Doses Ablatives
Un Dogme Dépassé
Pendant des décennies, le cancer du rein a été considéré comme "radiorésistant", en raison des faibles réponses aux faibles doses de la radiothérapie conventionnelle.
Le Mécanisme d'Action de la SBRT
La SBRT a réfuté ce dogme. En délivrant des doses de radiation très élevées en quelques fractions, elle déclenche des mécanismes de mort cellulaire beaucoup plus puissants, notamment en détruisant les vaisseaux sanguins qui nourrissent la tumeur. Le RCC est donc particulièrement sensible aux doses élevées et concentrées de la SBRT.
3.2. Données Cliniques et Résultats pour le RCC Oligométastatique
Les résultats cliniques de la SBRT pour les métastases de cancer du rein sont aujourd'hui excellents.
Taux de Contrôle Local Exceptionnels
De multiples études et méta-analyses, y compris des données du congrès de l'ASTRO 2023, rapportent des taux de contrôle local des métastases de RCC traitées par SBRT d'environ 90%.
Profil de Toxicité Très Favorable
Malgré les doses très élevées, le taux de toxicité sévère (Grade 3 ou plus) rapporté est extrêmement bas, se situant à moins de 1%.
Retarder les Thérapies Systémiques
L'un des avantages stratégiques majeurs de la SBRT dans le RCC oligométastatique est sa capacité à retarder le recours aux thérapies systémiques (TKI, immunothérapie). Des essais de phase II ont montré que la SBRT peut offrir une "pause thérapeutique" d'environ un an, voire plus. Des études ont rapporté des taux de survie sans thérapie systémique à 1 an allant de 82% à 91%.
3.3. Perspectives d'Avenir et Essais Cliniques en Cours
Combinaison avec les Thérapies Systémiques
De nombreux essais explorent la synergie potentielle entre la SBRT et l'immunothérapie, cherchant à déclencher un "effet abscopal" où le système immunitaire attaque des métastases non irradiées.
Vers une Standardisation
Des essais randomisés de phase III de grande envergure sont en cours, comme l'essai ECOG-ACRIN, qui compare la SBRT d'emblée à une thérapie systémique standard. Les résultats de ces essais seront cruciaux pour établir la SBRT comme une option de première ligne validée.
Partie 4 : Application dans les Métastases du Cancer de la Vessie
Le traitement des métastases du cancer de la vessie représente une nouvelle frontière pour la SBRT. Bien que les données soient moins matures, les résultats émergents sont très prometteurs.
4.1. Une Stratégie Émergente et Prometteuse
Contexte du Carcinome Urothélial
Le traitement standard du cancer de la vessie métastatique repose sur la chimiothérapie et l'immunothérapie. L'idée d'appliquer une thérapie locale ablative comme la SBRT à un état oligométastatique est une approche plus récente qui gagne du terrain.
Défis Techniques
L'application de la SBRT aux métastases de cancer de la vessie, notamment ganglionnaires, présente des défis en raison de la proximité de l'intestin. Le succès rapporté dans les études actuelles, avec de très faibles taux de complications, est attribuable à l'utilisation de technologies de pointe comme le CyberKnife, qui permettent une visualisation et une adaptation en temps réel.
4.2. Synthèse des Données Actuelles : Sécurité et Premiers Signaux d'Efficacité
Plusieurs revues systématiques et études de cohorte ont dressé un premier bilan très positif.
Données Issues de Revues Systématiques (Mars 2024)
Une revue systématique publiée en mars 2024, analysant les données de 8 études sur 293 patients, a conclu que la SBRT est une option efficace et sûre pour le cancer urothélial oligométastatique.
Résultats Clés
Survie Globale : Chez les patients avec des métastases métachrones, la SBRT est associée à un taux de survie globale à 2 ans de 50.7%.
Contrôle Local : Une étude a rapporté des taux de contrôle local à 1 an et 2 ans de 92% et 88.9%, respectivement.
Sécurité : La même étude n'a rapporté aucun effet secondaire de grade 2 ou plus, confirmant le profil de haute sécurité de la SBRT de précision.
4.3. L'Avenir de la Prise en Charge : Intégration et Nouveaux Essais
La recherche se concentre sur l'intégration de la SBRT dans des stratégies multimodales, comme en témoignent les congrès de septembre 2025.
Synergie avec les Thérapies Systémiques
L'association avec l'immunothérapie est explorée, bien que les premiers résultats soient mitigés et nécessitent des recherches supplémentaires pour optimiser la combinaison.
Essais Prospectifs en Cours (ASCO 2025)
L'essai de phase II VOLGA 2, présenté à l'ASCO 2025, est particulièrement pertinent. Il évalue l'efficacité et la sécurité de la SBRT chez des patients atteints de carcinome urothélial métastatique présentant une oligoprogression (progression limitée à 5 lésions) sous immunothérapie d'entretien par avelumab. Cet essai aidera à définir la place de la SBRT pour retarder le passage à une nouvelle ligne de traitement systémique.
Focus sur l'Hypofractionnement (SFRO 2025)
Le congrès de la Société Française de Radiothérapie Oncologique (SFRO) de septembre 2025 met en avant l'hypofractionnement pour le cancer de la vessie, soulignant l'intérêt croissant de la communauté scientifique pour ces schémas de traitement courts et à haute dose, parfaitement adaptés à la technologie CyberKnife.
Partie 5 : Sécurité, Gestion des Effets Secondaires et Comparaisons
Une évaluation complète du CyberKnife nécessite une analyse de son profil de sécurité et une comparaison avec les autres options.
5.1. Profil de Tolérance Général du CyberKnife
Grâce à sa précision, la SBRT par CyberKnife expose un volume de tissus sains beaucoup plus faible, ce qui se traduit par un profil d'effets secondaires très favorable.
Effets Secondaires Aigus
Les effets secondaires aigus sont le plus souvent légers et temporaires.
Fatigue : L'effet le plus courant, généralement modéré.
Effets localisés : Irritation cutanée, nausées ou diarrhée si l'abdomen est traité.
Poussée douloureuse ("Pain Flare") : Pour les métastases osseuses, une augmentation temporaire de la douleur peut survenir, souvent prévenue par des anti-inflammatoires.
Effets Secondaires Tardifs
Le risque d'effets tardifs (fibrose, modifications des organes voisins) est faible mais non nul. Le profil de sécurité global du CyberKnife en fait une option précieuse pour les patients fragiles ou déjà lourdement traités.
5.2. Focus sur les Métastases Osseuses : Le Risque de Fracture par Tassement Vertébral (VCF)
La colonne vertébrale est un site fréquent de métastases. La SBRT y est très efficace mais comporte un risque spécifique de VCF.
Analyse Nuancée du Risque
Des études prospectives montrent qu'une VCF peut être observée sur les images de contrôle dans environ 34% des cas. Cependant, la grande majorité de ces fractures radiologiques sont asymptomatiques. Seuls environ 5% des patients développent une fracture douloureuse, et un pourcentage encore plus faible (3-4%) nécessite une intervention chirurgicale.
Facteurs de Risque
Les radio-oncologues identifient les patients à risque en évaluant l'envahissement de la vertèbre, le caractère "lytique" de la métastase et la présence d'une fracture préexistante, ce qui permet d'adapter la stratégie.
5.3. Tableau Comparatif des Options Thérapeutiques
Tableau Comparatif des Options Thérapeutiques Cyberknife radiothérapie et chirurgie
Vers une Médecine de Haute Précision en Onco-Urologie
La technologie CyberKnife a indéniablement ouvert un nouveau chapitre dans la prise en charge des cancers urologiques métastatiques. En combinant la puissance de doses de radiation ablatives avec une précision robotique et un suivi du mouvement en temps réel, elle offre des avantages cliniques majeurs qui redéfinissent les stratégies de traitement.
La synthèse des données scientifiques récentes, enrichie par les essais cliniques présentés en septembre 2025, met en lumière plusieurs points forts. Premièrement, une efficacité ciblée qui se traduit par d'excellents taux de contrôle local des métastases. Deuxièmement, un profil de sécurité exceptionnel, permettant une préservation remarquable de la qualité de vie. Enfin, le CyberKnife permet de changer la stratégie de traitement de la maladie oligométastatique, offrant la possibilité de retarder le recours aux traitements systémiques et de transformer une maladie à progression rapide en une condition chronique gérable.
Il est essentiel de souligner que le succès du CyberKnife repose sur une sélection rigoureuse des patients. La décision de recourir à ce traitement doit impérativement être prise au sein d'une équipe multidisciplinaire composée d'urologues, d'oncologues médicaux, de radio-oncologues, de radiologues et de physiciens médicaux. C'est cette expertise collective qui permet d'évaluer l'éligibilité de chaque patient.
En définitive, le CyberKnife incarne un pas de géant vers une médecine du cancer plus personnalisée, moins invasive et plus respectueuse du patient. Il offre un nouvel espoir et de nouvelles perspectives, non seulement pour améliorer la survie, mais aussi et surtout pour vivre mieux et plus longtemps avec la maladie.
Pour toute information complémentaire sur cette évolution de vos soins urologiques, votre équipe médicale reste à votre disposition.
Cet article a été rédigé à des fins d'information.
Article rédigé par l'Association Marocaine d'Urologie - Pour plus d'informations : https://www.associationmarocainedurologie.ma/

